Observatoire
La coopérative des étuveuses de riz de Komsilga

ORIGINE ET CONTEXTE

L’Union Nongtaaba des étuveuses de Boulbi a été créée en 2011 par 3 groupements d’étuveuses issus de 3 villages de la commune de KOMSILGA. Les étuveuses traditionnelles membres de l’union exerçaient séparément jusqu’à ce qu’elles soient dotées d’un hangar de commercialisation en 2012 dans le cadre d’un projet mis en œuvre par l’ONG Italienne CISV et cofinancé par la Coopération suisse sur la période 2011-2014. Une unité moderne de transformation de riz étuvé a ensuite été créée au profit de l’Union Nongtaaba par la coopération Suisse, dans le cadre du projet Programme d’Appui à la Modernisation des Exploitations Agropastorales Familiales (PAMEFA) mis en œuvre par Oxfam sur la période 2015-2018. Ce programme met l’accent sur le développement d’opportunités d’affaires autour de l’agriculture familiale, notamment la transformation, la commercialisation et l’accès aux crédits. Grâce à l’accompagnement de l’Union Nationale des Etuveuses de Riz (UNERIZ), l’Union Nongtaaba s’est muée en 2019 en société coopérative simplifiée pour devenir la coopérative des étuveuses de riz de Komsilga.

OBJECTIFS

L’objectif du projet de création de l’unité moderne d’étuvage est de contribuer à l’accroissement des revenus des femmes étuveuses et à l’amélioration de la sécurité alimentaire au Burkina Faso. De façon spécifique, il s’agit d’accroître la capacité des femmes de l’union à mettre sur le marché du riz étuvé de qualité.

ACTIONS MISES EN OEUVRE

- Mise à disposition d’un terrain d’1ha par la communauté ;
- Construction d’infrastructures (aires de séchage, hangar de séchage, magasins et centre d’étuvage, forage) et acquisition de matériels modernes (décortiqueuses, vanneuse-trieuse, ustensiles d’étuvage) ;
- Renforcement des capacités organisationnelles, formation aux techniques modernes d’étuvage et à la gestion ;
- L’union rémunère un meunier.
- L’approvisionnement en riz paddy se fait auprès de 3 groupements de riziculteurs à Sapone (2) et Boulbi (1). Des stocks sont constitués sur la période Décembre-Janvier, grâce à un fonds interne issu des cotisations et un fonds emprunté auprès d’une caisse d’épargne.
Le processus d’étuvage du riz paddy dure 3 jours, les femmes se relaient par groupes de 10 et trient un volume de 1 Tonne de riz décortiqué en 3 jours. Le riz étuvé est stocké dans le magasin en attendant le décorticage.

RÉSULTATS ET IMPACTS, QUANTITATIFS ET QUALITATIFS

Les femmes de la coopérative ont désormais deux sources de revenu : les revenus tirés des activités du centre d’étuvage et ceux de leur activité d’étuvage faite à domicile. Elles témoignent être en mesure d’offrir 3 repas par jour à leur famille et affirment avoir la capacité de payer la scolarité des enfants.
L’unité de production a atteint 65 Tonnes de Riz étuvé. Elle est fournisseur de la SONAGESS grâce au contrat négocié par l’Union Nationale de Etuveuses de Riz (UNERIZ). Les livraisons effectuées à SONAGESS sont de 20 Tonnes en 2017 et 15 Tonnes en 2018, l’objectif de livraison 2019 est de 25 Tonnes. La coopérative collabore avec trois revendeurs de riz à Ouagadougou.
La tonne de riz étuvé est cédée à 360.000 Fcfa aux clients grossistes. Les conditionnements de 1kg sont vendus à 500 fcfa et ceux de 5kg à 2.000 Fcfa.

ORIGINALITÉ

L’originalité de cette unité d’étuvage est qu’elle est un outil de production collectif. L’activité est menée par des femmes qui partagent l’unité de transformation. Elles s’approvisionnent en riz paddy sur les périmètres rizicoles de la commune. La coopérative compte une dizaine de femmes handicapées et l’activité menée sur l’unité permet l’insertion socioéconomique de celles-ci.

PARTENARIAT(S)

-UNERIZ, la faîtière des groupements d’étuveuse capte les projets et négocie des marchés
-OXFAM, est l’agence de mise en œuvre du projet ;
-Coopération suisse, bailleur du projet PAMEFA

RETOUR D’EXPÉRIENCE

Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :

- Les débouchés commerciaux ne sont pas encore suffisants pour favoriser un écoulement fluide des stocks de riz. En conséquence, les échéanciers de remboursement des prêts sont parfois difficiles à respecter.
- Les délais de paiements des factures par la SONAGESS peuvent aller jusqu’à 4 mois, ce qui crée parfois une tension de trésorerie au niveau du groupement.
- La décentralisation des achats institutionnels de vivres destinées aux cantines scolaire au niveau communal n’a pas encore profité à la coopérative. Une commande de 75 tonnes a été formulée par la Mairie de Komsilga mais le prix proposé n’est pas compétitif pour la coopérative.
- Le centre n’est pas raccordé au réseau électrique. La vanneuse-trieuse n’étant pas mise en service, le triage reste encore manuel.

Solutions adoptées pour répondre aux difficultés et/ou obstacles :

Les machines fonctionnent avec un groupe électrogène. Le contrat obtenu avec la SONAGESS reste vital pour la coopérative et apporte une réponse au souci de débouchés commerciaux.

Améliorations futures possibles :

-Concrétiser un partenariat avec la Mairie de Komsilga pour fournir les cantines scolaires de la commune ;
-connecter le centre de transformation au réseau électrique et faire fonctionner la vanneuse-trieuse ;
-valoriser l’enceinte du site en y développant du micro jardinage et un espace de restauration ;
-alphabétiser les femmes travaillant à la coopérative (seulement une quinzaine de membres sont alphabétisées).

Présentation des facteurs de réussite et conseils pour une généralisation ou un essaimage :

Le fait d’avoir eu une présidente fédératrice et très écoutée, qui organise des rencontres régulières et prend en compte l’avis de tous, favorise la bonne conduite des activités.
En cas de réplication du modèle, il est important de tenir compte du nombre de membre. Il est préférable de commencer avec un nombre réduit car cela permet de mieux canaliser les activités.